es années plus tard et par bribes, Papa raconta un épisode crucial: se reposant de ses tâches de jardinier, il alla, un jour, s'asseoir sur un banc du parc, désespéré et se demandant comment ils allaient faire pour continuer à payer leurs pensions; il se voyait déjà à la rue, à la merci des "chasseurs de Juifs" lorsqu'une autre "folle" vint s'asseoir à côté de lui et entama une conversation en français, puis passa à l'allemand en se rendant compte de son incompréhension.
Elle dit être Alsacienne et, apprenant que son interlocuteur dit être luxembourgeois et se nommer Meschler, lui dit que sa toute meilleure amie, une Tony Wolf, était luxembourgeoise. Papa, sans réfléchir, répondit que Tony Wolf était sa soeur ce à quoi l'Alsacienne rétorqua, "Si Tony Wolf est votre soeur, ainsi que vous le prétendez, comment se fait-il que vous vous nommez Meschler puisque je sais pertinemment qu'elle est une née Moritz!"
Cette dame, apparement fortunée et plus que généreuse, paya la pension à l'asile jusqu'à la fin de la guerre.
Par la suite, nos parents vécurent chichement afin de rembourser cette dette d'honneur au plus tôt.