Devil's Bridge
"Pont du Diable" sur la route de Silhac







En gardant nos biquettes dans les bois, nous descendions parfois au torrent, à côté du Pont du Diable, sur la route de Vernoux à Silhac. Il y avait là un barrage naturel, un plan d'eau, une piscine naturelle.

Des enfants de la colonie de vacances voisine avaient laissé sur les roches deux caleçons de bain de notre taille, encore humides; une invitation à se déshabiller, à mettre ces maillots de bain et d'aller se plonger dans cette eau si claire.

Nous étions en train de barbotter dans l'eau, lorsque apparurent deux soeurs en habit, accompagnées d'une bande de garçonnets; les soeurs nous rabrouèrent d'avoir volé ces maillots et en demandèrent la restitution sur le champ.

Elles nous regardèrent, nus comme des vers, remettre nos vêtements de chevriers.

Nous avions enfreint à la règle d'or du survivant potentiel : ne jamais, absolument jamais, montrer que l'on était circoncis, donc juif.

Cet épisode était étrange, et comme prémédité, comme si quelqu'un avait voulu nous tenter avec ces maillots de bain, afin de jeter un regard sur notre sexe.