André nous mena, à bord d'une charette tirée par deux vaches, à une fermette isolée au flanc d'une colline de genêts, de sapins et de châtaigners, à l'intérieur de la fourche formée par les chemins allant de Vernoux à Silhac ou à Lamastre.

Ce lieu-dit était "La Blachette," une maison de moellons divisée en deux, une moitié réservée au bétail: deux vaches, des chèvres et un porc, l'autre moitié aux humains avec, coiffant le tout, une grange à foin.

Cette division permettait à la chaleur des animaux de chauffer la maison en hiver.

Le désavantage était que, lors des mois chauds, les odeurs et les mouches remplissaient la maison.

André, le cadet de treize enfants, était le dernier qui fut encore chez sa mère, la mère Aubert, analphabète et ancienne métayère qui avait été encouragée par son curé, le père Riou, à prendre ces enfants afin d'arrondir ses fins de mois.

André, à l'opposé de sa mère, s'avéra être un bon gars.

Il nous mena faire la connaissance de voisins, à quelques kilomètres de là, mais il n'y avait personne ou, ainsi que le dit André en langue d'Oc "Y'avait dingüe ma lou capras."

La Blachette

Ce fut ma première leçon de cette belle langue d'Oc qui était un peu l'équivalent du "Mundart" de Becherbach, mais avait un son musical tout à l'opposé du guttural teuton.