Certificat d'Etudes PrimairesMaintenant que nos parents savaient où nous étions, nous étions sûrs qu'ils arriveraient sous peu pour la RÉUNION FAMILIALE DU SIÈCLE; il n'en fut rien, car ils n'avaient probablement pas de quoi acheter des billets de train.

Toujours est-il que cette pauvre Madame Sabatier, notre protectrice de l'OSE, dépassée par les événements, envoya un jeune homme débrouillard de notre connaissance, Egon, nous prendre à "La Blachette," et nous escorter jusqu'à Lyon, où il nous laissa dans un centre de triage et d'hébergement.

Nous connaissions Egon, un jeune d'origine autrichienne, qui avait été chevrier à la ferme voisine jusqu'à ce que, à 17 ans, on l'acceptât chez les maquisards.

Il connaissait donc parfaitement les lieux et n'eut aucune peine à nous trouver. Lorsque Egon avait disparu un beau jour, ce fut moi qui fût loué au fermier et gardait ses chèvres.

Le Centre de Lyon hébergeait une multitude de pauvres hères cherchant soit les leurs soit, pour certains, un hâvre quelque part. Des matelas couvraient le sol et servaient d'habitat à ces déracinés qui y gardaient ce qu'ils avaient, y couchaient, y mangeaient, y priaient, s'y étreignaient et y attendaient qu'on leur dise où aller. Nous y restâmes le temps pour les responsables de prendre contact avec les nôtres et organiser, autant que cela fût possible, vue la gabegie qui régnait à l'époque, la logistique de notre voyage. Une âme bénévole amena ces deux miséreux que nous étions, un beau jour, en promenade à pied de par la vieille ville de Lyon.

Te Deum