Monté sur sa bicyclette de service, le gendarme du village voisin de Hundsbach vint frapper à notre porte et pria notre père de l'accompagner à pied jusqu'à la prison de Kirn, distante de quelques dix kilomètres.

Ne perdant rien de sa superbe, notre père commanda son chauffeur habituel, le voisin Urban, et le pria de conduire le trio à Kirn, de le laisser lui à la prison et de revenir avec le représentant de l'autorité, afin que celui-ci puisse recupérer sa monture.

Les prisonniers étaient peu nourris, mais il fut possible à ces dames de soudoyer le geôlier. Notre mère se joignit aux autres épouses que l'on laissa désormais apporter une gamelle à leur mari.

Father, before Dachau
Papa avant Dachau

Father, after Dachau
Papa à sa libération
de Dachau




Après quelques jours au cachot de Kirn, le contingent fut transféré à l'infâme camp de Dachau, où le fier Ludwig Moritz resta pendant près d'un mois en attente, et de la vente de ses biens à vil prix à un sympathisant du parti nazi, et d'un visa d'entrée pour le Grand-Duché du Luxembourg.

Il en sortit squelettique et affaibli, sans toutefois s'être démis de sa dignité.

Par la suite, il parla peu et rarement de ce calvaire.